19 Mars 2019
Tapuscrit sorti de l'oubli , grâce au fonds d'archive de la bibliothèque de Saint-Brieuc un inédit de Louis GUILLOUX vient d'être publié en février aux éditions Gallimard. L'indésirable écrit en 1923 nous plonge dans l'ambiance d'une petite ville bretonne tandis qu'à l'Est la guerre s'enlise dans la boue des tranchées. Le conflit touche presque "de loin" la population inquiète pour ses hommes partis au front et par l'existence dans les landes d'un camp de prisonniers, "d'indésirables", de soldats mais aussi de civils hommes et femmes de nationalité étrangère, mais tous qualifiés par les habitants de Belzec de "Boches"!
Qu'importe si parmi ces reclus, se trouve, ballotée par les évènements une vieille alsacienne, qu'un professeur d'allemand M. Lanzer , par bonté, va recueuillir avec sa famille. Mal lui en prend , car très vite, une rumeur alimentée par un autre enseignant , Badoiseau, va pointer du doigt "ce traitre" . Et les rares personnes qui oseront défendre Lanzer deviendront à leur tour des "indésirables"! Roman de la noirceur humaine, mais aussi de cet esprit de solidarité fraternelle qu'incarna cet écrivain proche d'Albert CAMUS, ce texte court annonce le chef-d'oeuvre que sera "le sang noir".
Défendeur passionné du chant traditionnel breton (et de sa langue donc) Yann-Fanch KEMENER s'est éteint samedi 16 mars. Cet infatiguable collecteur d'une culture orale pluriséculaire avait, au début des années 70, alors en pleine vague pop-celtique stivelienne, mis à l'honneur soniou et gwerziou chantés in extenso. Chanter a cappela devant des publics habitués au mariage harpe , bombardes, batteries et guitares électriques n'était pas gagné d'avance à l' époque. Mais la voix singulière de Kemener , sa rigueur de collecteur et son talent, tout simplement, ont crée bien des émules, de Erik Marchand à Nolwenn le Buhé aujourd'hui. Que ce soit dans des albums en solo ou dans des formations comme Barzaz , le public pourra le (ré)écouter dans les cd disponibles sur le réseau des médiathèques. N'oublions pas non plus que les bréciliens , ces dernières années, avaient eu le plaisir et le privilège de l'écouter et de le voir (de près) dans l'église de Saint-Péran , grâce à la toujours excellente programmation musicale de l' association Du bruit Dans le Bourg.