6 Mars 2019
Béret sur la tête , chemise rouge à carreau noirs et jeans , Lesche dit adieu à New-York sans regret pour rentrer en Allemagne à la fin des années 80 . Malgré deux romans publiés sur sa jeunesse de juif allemand survivant de la Shoa, Il n' a pas percé en Amérique et désire rentrer dans le pays de sa langue maternelle. Malgré la politesse gênée des vieux berlinois et la violence verbale des néo-nazi, il s'installe dans la toute nouvelle capitale à la tombée du Mur. Séducteur impénitent, il réussit à tomber vraiment (ou enfin) amoureux d'une traductrice d'origine arménienne en travaillant sur le génocide arménien de 1915 qui fera l'objet de son dernier livre.
Ne lâchant rien , ni humour ni attachement viscéral à une culture et à une langue qui fut pourtant celle des bourreaux, Edgar Hilsenrath nous offre là son récit le plus autobiographique, et donc le plus émouvant car le dernier traduit en français après des chef-d"oeuvre tels que "Nuit", le conte de la dernière pensée ou "Fuck Amérika" . Son absence va nous manquer en ces temps de repli, de stupide ignorance, de manque total d'auto-dérision. Et si cette dernière pirouette littéraire est plus légère que ces titres précédents, nous sourions malgré tout en lisant dans les dernières pages consacrées à sa biographique qu'il soufflera en avril 2019 les bougies de son 92 ieme anniversaire. Merci pour tout Monsieur Hilsenrath.