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Médiathèque Julien Gracq

Toute l'actualité de la médiathèque de Plélan-le-Grand en Ille-et-Vilaine

Chroniques du confinement : quand l'histoire (récente nous rattrape)

La crise sanitaire qui frappe le monde, est présentée en France comme une guerre déclarée au covid 19 avec son armée en ordre de marche : les combattants au front (les soignants ) , les forces de l'intendance ( les travailleurs et travailleuses,  des routiers ,des  caissières de supermarché , des agents volontaires  assurant des missions nécessaires au maintient du service public)   et un front de l'arrière, chargé d'éviter la propagation rapide  du virus (les confinés).

La durée du confinement (15 jours fixés par les autorités,  et sans doute davantage selon les informations officielles que nous recevrons ) est indispensable  et suppose notre consentement à tous et à toutes, un consentement de citoyens et de citoyennes , conscients de participer à un effort destiné à  notre collectivité  nationale.  Et c'est là que l'Histoire se rappelle à notre mémoire.

Par le passé,   à cause de maladies idéologiques (comme la peste brune du nazisme) des personnes furent contraintes de s'enfermer, de se cacher  pour survivre ou pour tenter d'échapper à une mort certaine si elles  étaient  arrêtées hors  de murs protecteurs par des forces barbares qui les considéraient indignes d'appartenir à la société humaine ,et à qui on avait retiré leur identité nationale, avant de leur enlever la vie.

De ces pestiférés , étrangers dans leur propre patrie ou réfugiés clandestins dans des pays subissant à leur tour  l'oppression de forces occupantes, la littérature  a gardé  des témoignages  , récits ou journaux dont les phrases  résonnent autrement à nos oreilles  aujourd'hui. Malgré le danger permanent, pouvant venir du ciel comme de la rue, d'une dénonciation ou d'une imprudence, des hommes comme  Victor KLEMPERER ou des jeunes filles comme Anne FRANK ont tenu à témoigner de leur vie précaire, de leurs attentes, de leur peur,  mais aussi de ces forces puissantes que sont l'espoir, l'imagination, et  l'intelligence. Que l'on se souvienne de Kitty, l'amie inventée par Anne Frank ,ou de la pertinence de l'analyse linguistique  chez le philosophe Klemperer  à propos de l'usage détourné ou de la "fabrication" des mots sous le règne  nazi. 

Comparaison n'est jamais raison,  l'appartement secret d'Anne Frank à Amsterdam (de juillet 1942 à août 1944, date de son arrestation avant sa déportation ) et l'enfermement de Victor Klemperer  dans ces "maisons de juifs" à Dresde (de 1940 à 1945 , où sa  survie  ne tenait qu'à la résistance d'Eva, son épouse"aryenne",dans son refus de divorcer) n' ont  évidemment rien à voir avec le confinement auquel nous nous tenons depuis quatre jours. MAIS  face au mal qui  s'avance, réel bien qu'invisible, nous sommes capables , pourquoi pas en écrivant, ou en utilisant notre imagination (l'écrivain Sylvain Tesson, en   faisait justement l'éloge ce matin sur les ondes d'une radio de service public) de rendre hommage à ces reclus forcés, ce qui est peut-être une façon d'accomplir un vrai devoir de mémoire envers eux.

Bien sûr le journal d'Anne Frank est connu , disponible  dans nos bibliothèques (dès qu'elles rouvriront). En revanche , moins "grand public" LTI, la langue du IIIe Reich" de Klemperer, paru chez Pocket en 2002 puis 2012, sera acquis à Plélan dès la réouvertures des librairies.

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