12 Septembre 2020
Réalisateur d'un épisode original de James Bonds (Skyfall) et d 'une critique de "l'american way of life" avec American Beauty, Sam Mendès revisite le genre film de guerre en jouant avec les codes inattendus ...du théâtre : unité de lieux, de temps et d'action.
Deux soldats britanniques engagés sur le champs de bataille de la Grande Guerre reçoivent comme mission d'annuler une action militaire promise au fiasco . Nos messagers de la dernière chance n'ont qu'une journée pour rejoindre les lignes de "leurs frères d'armes" et ne peuvent compter que sur leur jambes et leur ressources personnelles pour braver toutes les embûches qu'ils vont rencontrer en chemin. Poursuivis par une caméra attachée à leurs "basques", ils entament un course contre la montre, haletante , angoissante, où le moindre temps "mort", comme une pause dans une ferme déserte, est plus menaçant qu'apaisant. La nuit n'offre pas davantage de répit , offrant plutôt une vision infernale où les éléments : eau, feu, terre se liguent contre ces silhouettes ballotées comme de malheureux fétus de paille .
Ce film ne serait-il pas la métaphore de toute guerre réduisant l'humain à un être animal réduit à courir pour fuir , survivre ? En un sens , malgré un soucis du détail "contextualisé" (paysage ravagé par les bombes, boue gluante des tranchées, uniformes, camions et aéroplanes d'époque) , 1917 n'est pas qu'un film historique, mais surtout une plongée vertigineuse dans nos peurs les plus primitives, une lutte contre la mort , l'obscurité, l'anéantissement. Autre film ambitieux , "l'Arche russe" d'Alexandre Sokourov ( qui a bien des égards a du inspirer Sam Mendès ), ne se réduisait pas non plus non à une simple visite du Palais de l'Hermitage à Saint-Petersbourg. Ce long plan séquence, tout en mouvements lents , réveillait les souvenirs de toutes les Russies , comme celui de Mendès ranimant le spectre toujours actif de la destruction de l'homme.