Adieu à Michel Dugué, un poète attentif à la beauté du monde

C'est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès soudain de Michel Dugué , mercredi 14 aout , intervenu dans le  pays  qui avait nourri son inspiration créative :  Plougrescant,une presqu'île située dans les côtes d'Armor.

Poète et écrivain, il était  sensible à ces paysages aux ciels changeants, festonnés, de grèves,  et de rochers aux formes fantasques ,où l'océan  se heurte à une terre aussi puissante que lui.  Des titres anciens comme le roman" Un hiver de Bretagne" ou son dernier recueil de poème " Veille" , rendent bien compte de l'attrait de ce vannetais d'origine envers la presqu'île,  lieu  d'histoires , d'échanges  entre cette nature et les hommes  qui y résident au gré des  bonnes et  mauvaises saisons de leur existence.

Homme curieux et ouvert aux autres, Michel Dugué   savait se montrer généreux   comme l'atteste son aide précieuse qui permit à la commune de Plélan d'approcher Julien Gracq puis, en 2007,  de concevoir avec ses textes  une  exposition  consacrée à l'écrivain géographe.

Plus récemment, il avait participé à la réalisation  du beau livre du photographe Pascal Glais  "l'âme du cidre". Le poète, fin observateur des images,  savait rendre accessible  la qualité, la précision du travail de ces alchimistes transformant la pomme en cidre, tout  en restant en retrait , officiant comme une voix off  admirative de l'art du photographe.

Laissons lui  les derniers mots , tirés de Veille (parus aux éditions Folle Avoine en 2021) pour ainsi l'entendre au delà de l'amère absence,  continuer à fraterniser avec  la vie :

Voici  que l'eau occupe

l'espace  entier, ne dit

rien d'autre qu'elle même

avance en rangs serrés

laissant l'eau après elle.

Je devine un enfant qui joue

- sa silhouette dans les arbres-

l'imagine parmi les rires

me demande si c'est le jour qui tombe ou

la lumière  qui s'embrase.

Voila des mots qui ne sont pas prêts de s'éteindre...