9 Octobre 2024
Autrice et éditrice , Juliette ROUSSEAU défend des causes féministes et écologistes. Après un récit plus personnel consacré à son retour en Bretagne, la voici, qui, dans un nouveau livre au titre provoquant: "Péquenaude", s'interroge sur son histoire marquée par une ruralité qu'elle présente loin des clichés véhiculés par ce mot.
Un exemple parmi tant d 'autres, elle taille en brèche, une vision idyllique d'une campagne bretonne (elle est née à Loudéac) qui , rase, regroupée en immense parcelles, présente plus d'un point commun avec les champs nus de la Beauce. Ce chamboulement profond a aussi touché la langue locale, le gallo, qui savait nommer chaque lopin de terre agricole, ses haies, ou désigner les vaches , le cheval de labour par son nom.
Mais, sans nostalgie passéiste ( elle ne regrette pas d'avoir, dans sa jeunesse, du quitter son "bout de pays" ) , Juliette Rousseau interroge un nouveau rapport à la ruralité d'aujourd'hui , recherche qui passe par une langue poétique qui fait de ce récit un objet littéraire non identifié,mi -biographie, mi-médiation poétique, mi approche lucide sur sa condition de femme et de mère vivant au contact de la beauté du monde.
En complément à ce texte à la langue envoutante, nous invitons aussi les lecteurs/lectrices à découvrir "mon corps de ferme" d'Aurélie Olivier. Dans ses poèmes/textes courts, directs, rudes, l'autrice évoque sa vie dans le monde de l'agro-alimentaire, où le corps des femmes maltraités , exploités, malades, présente d'étranges similitudes avec la nature pliant sous le joug de la productivité la plus échevelée.
Ce n'est pas un hasard , si nos deux autrices militantes , évoquent chacune à leur manière la figure mythique, tutélaire (?)d'une femme, d'une paysanne poète d'un autre siècle : Angela Duval . Ces trois femmes ont tant en commun: une connivence sensible avec la nature ,le gout et la défense d'une langue paysanne (qu'elle soit bretonne ou pas). Mais elles ne partagent plus les mêmes idées quant à leur place, leur rôle de femme dans cet espace rural transformé:
Angela Duval, toi qui était si catholique
est-ce que tu entends mes larmes de là-haut ?
L' interrogation, ici sous la plume d'Aurélie Olivier, peut sembler accusatrice . Elle révèle seulement que le statut, les combats des femmes est toujours à remettre à question, en milieu rural ou ailleurs. et jamais ne doit se terre/taire.