26 Mars 2011
Dites-leur que je suis un homme , Ernest J. Gaines (éditions Liana Levi).
Dans l’Etat de Louisiane, à la fin des Années 40, un jeune homme est condamné à mort par le tribunal de Bayonne pour complicité de meurtre sur la personne d’un épicier. La victime était blanche et comme l’inculpé, Jefferson, est un jeune homme noir, il est évident qu’il est coupable aux yeux du jury représentant la communauté blanche. Mais le sujet de ce livre ne concerne pas cette injustice là. Même si J. Gaines reconstitue ici finement la vie, l’ambiance quotidienne qui régnait entre ces deux communautés séparées à l’époque de la ségrégation dans les Etats du Sud. Ce n’est pas non plus un plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort. Même si le lecteur découvrira avec une réelle émotion (comparable à celle du dernier jour d’un condamné de Victor Hugo), le journal du prisonnier Jefferson à l’extrême fin de cette histoire. Et même si l’arrivée de la chaise électrique dans la petite ville de Bayonne est décrite avec une implacable efficacité. Non, l’intérêt de ce récit tenu par le narrateur, l’instituteur Grant Wiggins, réside dans cette question : comment rendre à un homme sa dignité humaine ? Alors que son destin est scellé, Jefferson semble résigné à aller vers la mort comme une bête, «...tel un porc », pour reprendre l’expression cinglante de son propre... avocat ! Poussé par deux femmes exemplaires, têtues, bornées, Miss Emma (la marraine de Jefferson) et Tante Lou (déçue par ce neveu qui ne croit plus en Dieu), Grant, au départ réticent, va relever ce défi qui lui redonnera confiance en l’espèce humaine. A lire absolument !