Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Médiathèque Julien Gracq

Toute l'actualité de la médiathèque de Plélan-le-Grand en Ille-et-Vilaine

c'est toujours le printemps des poètes

La terre est bleue comme une orange... mais c'est aussi une orange  amère  , semble ainsi répondre à Eluard le poète d'origine marocaine , Abdellatif Laabi. Dans ce recueil éponyme,venant de paraitre au  Castor Astral,  cet ancien combattant de la liberté au moyen du verbe , évoque avec la sagesse venue avec l'âge, un monde qu'il faut préserver de la souffrance (liée au monde de l'hôpital) et de la  barbarie afin de cheminer sur un chemin de lumière.

"j'ai appris  à marcher/dans l'obscurité/la plus totale/en fermant les yeux/Puis-je faire  aussi bien/à la lumière du jour?"

Car la poésie est aussi un chant de résistance, un engagement pour la vie et la dignité humaine comme le  proclame cette anthologie de la poésie palestinienne "Palestine en éclats" ( paru chez Al Mansar) porté par un ensemble de voix de  femmes qui dénonce les outrages faits à la nature , à l'espèce humaine et aux femmes  sur qui pèsent le double fardeau d'être femmes et palestiennes dans un temps de guerre:

"Je suis morte d'attendre/ Mes reins n'ont pas été purifiés depuis la guerre/Je suis morte en faisant la queue pour le pain/ma famille a toujours faim/(...)Je suis morte car nous sommes tous morts" Maya Abu Al Hayat.

De ces femmes marquées, usées aussi par le quotidien d'une vie rude, paysanne,  comme" autrefois "rythmée par des taches pénibles , telle celle du  linge apporté au   lavoir, Françoise Morvan sait en parler sans pathos  dans "Buée" éditée par Mesures, maison d'édition , bien nommée par ces temps  de démesure et de paroles débridées. Elle nous dépeint un univers  gris, un territoire féminin en Bretagne , façonné par le cycle des saisons , l'eau froide  qui gerce les doigts , la tombée de la nuit,  la répétition des gestes  et le poids des traditions religieuses et d'un patriarcat  présent en filigrane dans  ces textes . Heureusement,  pour adoucir la  vision embuée de ce livre, passent, comme des rais de soleil,  des brides de chansons, de ritournelles   ou le souvenir de rêves :

tout faits de sommeil nous aussi/Nous descendons ouvrant les bras /vers les étendues d'ombres et de silence/ où  le lavoir prend l'air grave  et ressemble / aux grands palais abandonnés des rêves"

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article