8 Juin 2019
Gaffeur, et pour tout dire éternel adolescent, David vit en couple dans le Québec des années 2000 avec une femme policière qui s'inquiète à l'idée de devenir bientôt mère. Lui-même se pose la question. Lorsqu'il apprend par la télévision qu'un collectif de jeunes gens nés de père inconnu, souhaite lever l'anonymat de donneurs de sperme, c'est tout un pan secret de sa jeunesse qui refait surface.
Sous le pseudonyme de Starbuck, et contre rémunération , il a généreusement vendu sa semence à une banque de sperme qui va peut-être devoir révéler son identité. Assisté par un ami avocat,David va découvrir qu'il a contribué à donner la vie à plus de 500 personnes ! Sur un mode humoristique et tendre, renforcé par l'accent québécois, ce film de 2013 pose une question vertigineuse : la paternité, qu'est-ce que cela signifie lorsque sa descendance est aussi considérable.
Dogman ou la tragédie humaine. Nous devons ce conte cruel à Matteo Garrone qui avait déjà secoué le public en réalisant Gomorra, un film quasi documentaire consacré à la camora, cette mafia napolitaine qui règne et façonne les hommes comme les villes du sud de l'Italie.
Ici, circonstance "aggravante" c'est l'absence de compassion, de valeurs , de solidarité de la société contemporaine que narre cette histoire. Le crime, la violence ne sont plus l'apanage des seules organisations criminelles. Dogman dépeint la pauvre existence humaine, celle de Marcello, toiletteur canin, frêle silhouette traversant le décor sinistre d'une improbable station balnéaire à l'abandon, peut-être métaphore d'une l'Italie où règne la loi du plus fort sur les plus faibles.
Souffre-douleur d'un soi-disant ami, un ex-boxeur, brute épaisse, défoncée du soir au matin, Marcello pourtant se rebiffe , mais en vain. Alors pas d'espoir sur cette terre de larmes ? La lumière est à chercher dans les scènes précieuses où le visage de Marcello s'éclaire en révélant l'amour d'un père pour sa fille qui le lui rend bien. La "fin de partie" n'est peut-être pas assurée.